Et une galère de plus! -Lyséanne-

Les couloirs de Poudlard le soir, il n'y a rien de pire. C'est souvent dans ce genre d'endroit que l'on fait de mauvaises rencontres, ou encore que l'on croise le personnel de l'établissement. Là, c'est le pire du pire. On croit pouvoir les traverser sans faire de bruit. On se croit capable de franchir tous les obstacles, et finalement on se fait avoir comme des débutants. Cela fait six ans que je suis entre ces murs et malgré mes airs naïfs, j'ai réussi à déceler quelques passages qui me permettent d'accéder plus rapidement aux différentes salles. Il devait être une heure du matin, je crois. Les sorties nocturnes ne sont pas à compter dans mes habitudes, mais l'envie d'enfreindre le règlement -pour une fois- m'avait effleuré l'esprit, comme si on voulait me montrer quelque chose. Aucun souffle de trop. Aucun geste qui pourrait me vendre. Aucune parole ne doit sortir de ma bouche. C'est une opération suicide, mais je m'en moque. D'accord, généralement je termine mal ce genre d'interdiction et je finis toujours par me manger un... râteau? Ouais, vous savez ces outils qui servent au jardinage. Il est vrai que ça a tendance à ne pas faire du bien, surtout quand il a été placé là rien que pou vous embêter! C'est encore un coup des élèves de Durmstrang, ça j'en suis certaine. Décidément, je n'ai pas de pot! Même ces crétins ont réussi à me cerner, mais est-ce que je suis la seule à ne pas me comprendre? La nuit, il me faut un grand minimum de quinze heures de sommeil, sinon je n'arrive pas à me lever. C'est pour vous dire à quel point je vais galérer demain matin pour faire surface! La malchance ne va jamais toute seule et prend même un grand plaisir à nous faire tourner en bourrique. Il me faut une potion qui m'enlève cette poisse, parce que sinon, je vais toujours être comme ça! Quelle terrible sort! Je ne veux pas être cette fille qui innocemment termine dans les bras d'un garçon et qui tombe de la volière comme un oiseau qui aurait raté son décollage! Mais pour qui on va me prendre, sérieusement... C'est plus fort que moi, je ne peux m'empêcher de lâcher un léger soupir. Un soupir de trop. Baguette en avant, je regarde droit devant moi, ne me doutant pas de la suite des évènements.

Vous devinez la suite vous, non? Prise de panique et pensant sérieusement qu'il s'agissait d'un professeur qui m'avait crié, je me suis mise à courir comme un dératée, manquant de tomber plus d'une fois. Même si je ne sais pas quel homme avait pu me parler. J'étais bien trop en haleine pour me douter que finalement... c'était un tableau ronchon qui avait ouvert la bouche! Continuant ma route, je n'osait pas jeter des regards en arrière, pensant à chaque instant voir le visage cruel du professeur de Durmstrang. Comment il s'appelle déjà? Enfin bref, aucune importance, je ne veux pas tomber nez-à-nez avec lui! Soufflant comme je le pouvais, j'espérais bientôt trouver une cachette digne de ce nom qui me permettrait d'échapper à mon poursuivant -qui n'existait pas, bien entendu-. On se fait de tels films parfois. Si un élève aurait trainé dans le coin, il m'aurait sans aucun doute pris pour une terrible idiote de première classe! Non, mais si seulement je pouvais m'avérer être plus futée que ça! D'habitude de réfléchis avant d'agir et voilà que maintenant je me mets à courir comme ça! Serran le bout de bois dans ma ma droite -étant droitière-, je prends toujours les jambes à mon cou et me dirige vers le niveau des escaliers. Cependant, avant même d'avoir franchie l'intersection du grand couloir, je mets un pied devant l'autre et finis par emmêler l'autre avec. Une chute des plus bruyantes s'ensuivit et ma main claqua contre le carrelage froid, faisant monter les larmes. Aïe, aïe, aïe, j'espère ne mettre rien cassé! J'étais tellement sonnée par cette chute que je ne me souciais même plus du soit disant poursuivant. Pour une fois, j'aurais bien voulu qu'une âme charitable se présente devant moi afin de m'aider à me relever, parce que sincèrement... Je ne sais pas si je pourrais y arriver toute seule.

Un ange aurait-il fait son apparition? Totalement sonnée, je n'ai pas compris tout de suite qui était cette fameuse personne qui était venue m'aider. Ma main était douloureuse c'était un point, mais alors, ne me parlez même pas de ma tête! Encore sonnée de toute cette agitation personnelle, j'ai alors posé ma main encore valide sur son visage. Bien entendu, on ne peut pas identifier quelqu'un u simple toucher, mais pourtant, j'avais ce besoin de contacte. Après avoir accomplis ce léger geste, j'ai alors ouvert de grands yeux en entendant la douce voix qui s'était élevée. Lyséanne? Lyséanne, est-ce que c'est toi? Qu'est-ce que je suis soulagée! Je suis certes ce que l'on peut appeler une maladroite, mais quand il s'agit de reconnaître quelqu'un, je sais y faire aussi. Reprenant petit à petit du punch, je me suis immobilisée, la fixant de mes grands yeux. La façon de réagir me manque et autant avouer que je me sens plus que ridicule, maintenant. La pauvre, avoir une cousine aussi peu adroite doit lui faire mal, non? Sans plaisanter, si vous saviez comme je suis contente de la retrouver là. Cette promenade a bon ne pas être légale, j'aime tout de même à penser que mon envie de sortir n'était pas un hasard. Sans lui donner la moindre réchappe, je n'ai pu m'empêcher de la serrer dans mes bras. Être installée sur le sol ne me fait ni chaud, ni froid. Mais c'est plutôt le fait d'être tombée qui me fait souffrir. Lyséanne, si tu pouvais savoir comme je suis heureuse, là, maintenant. Le pire, c'est qu'on pourrait parfaitement croire que ça fait quarante ans que l'on ne s'est pas revues, et pourtant bah... Il me semble que nous nous sommes quittées il y a quelques grosses heures de cela. Les scènes de famille ne sont pas mon fort, mais je fais avec. En la serrant dans mes bras, j'avais l'impression de me trouver dans les bras de cette tante. Cette tante que je n'ai pas revu depuis tellement longtemps maintenant. Ses bras me manquent. Son coeur qui bat contre le mien me manque. Et puis il y a ma mère aussi qui me manque. Cela ne fait pas longtemps que nous ommes revenues à Poudlard, et ls premiers jours, j'ai toujours tendance à avoir beaucoup de mal à m'aclimater à tous ces changements. Ouais, ça en fait des choses à regretter ou qui manquent. Qu'est-ce que je pourrais encore vous raconter, maintenant? Bah, peut-être qu'il faudrait que je me lève et que je la remercie, non?

Ouais, c'est bien vrai. Ma cousine et moi nous ressemblons pour ce qui est des retrouvailles familiales, moins il y en a mieux c'est. Quand Lyséanne m'a légèrement rendu cette étreinte, je me suis tout de même sentie mieux encore qu'au départ. Et dire que c'est en chutant que je parviens à la revoir. L'impression de ne pas l'avoir revu depuis des lustres me fait mal et en même temps me soulage. Combien d'années sont passées depuis que papa est parti? En fait, je ne les compte même plus et je ne m'en sens que bien mieux. Cependant, son absence me fait bien plus de mal que je ne veux l'avouer. Ma mère que je retrouvais de temps à autre en train de pleurer, faisant en sorte que je ne puisse pas m'en apercevoir. Oui, toutes ces choses m'ont causé beaucoup de mal. Pourtant, un vieux sage m'a déjà dit d'aller de l'avant et d'éviter de regarder vers l'arrière. De toute façon, quand on regarde derrière soi, il n'y a souvent que les mauvaises qui reviennent. Ces souvenirs qui sont marqués au plus profond de nous et qui n'arrangent en rien notre état quand on se trouve en pleine déprime. Oh oui, ça fait peur quand on y pense. Mes amis de Gryffondor me font souvent peur. Parfois, j'ai l'impression de ne pas appartenir à la bonne maison. Et si c'était ça en fait? Et si mon destin aurait été d'aller à Serpentard, comment est-ce que je l'aurai vécu? Poussant un soupir dans les doux bras de ma cousine, je me suis mise à repenser aux moments que nous avons partagé ensemble. Oui, il est vrai qu'ils ne sont pas nombreux, parce qu'il y a tout de même eu quelques histoires familiales... Le départ de papa. Maman qui n'adressait plus la parole à sa soeur pour je ne sais quelle raison. En fait, la vie est semée d'embûches qu'il faut de toute urgence éviter. Rien n'est facile, et ça nous l'avons parfaitement compris. Quand je suis revenue pour ma première journée chez les Gryffondor -cette année-, j'ai eu un petit coup de cafard. Beaucoup trop de choses étaient venues se coller ensemble pendant les vacances, et il arrive un moment où il faut savoir se relâcher et aller de l'avant. Ma maladresse. Ma naïveté. Mon idiot de sourire. Je suis peut-être mièvre, mais fière de l'être! Quel cauchemar que de devoir vous l'avouer. Qu'est-ce que je ferai sans Lyséanne? C'est douloureux de le dire, mais certainement pas grand chose. Marcher dans le jeu des gens sans vraiment le vouloir, là est ma spécialité.