Loup y es-tu ? [ Libre ]

La journée avait été éreintante, et particulièrement ennuyeuse. A sept heures le matin, il avait fallu être sur le pied de guerre, comme toujours, et se préparer en vitesse pour se rendre dans le cours que Lyséanne affectionnait le moins, à savoir l'arithmancie.
Le professeur était un fossile, et ses explications au sujet de sa matière, qu'il jugeait passionnante à enseigner, étaient aussi claires qu'une mare d'eau croupie. En d'autres termes, c'était du charabia...
Lorsque la cloche avait retentit, la jaune et noir avait été soulagée de pouvoir quitter la pièce peu accueillante, qui sentait le renfermé, pour se rendre à un cours de métamorphose.

Ah, enfin quelque chose d'intéressant !
Au programme du jour, " Comment changer un chat en pendule ". La jeune femme avait été ravie de transformer Marlow, mais en constatant qu'il semblait bien moins enjoué qu'elle, elle l'avait morigéné :

- Aller, ne le prend pas comme ça ! Dis toi que tu pourrais être à la place de Mysti !

Mysti, c'était le chat d'une Gryffondor, qui avait bien du mal à maîtriser l'art compliqué de la métamorphose. Aussi, le malheureux animal devait régulièrement passer entre les mains expertes de la prof pour retrouver son apparence première, et je vous prie de me croire que ce n'était pas du luxe...

[...]

Après le diner, qui s'était avéré succulent, comme d'habitude, grâce aux elfes de maison qui travaillaient en cuisine pour le compte de la directrice du château, la sorcière avait regagné son dortoir, en compagnie de ses camarades.
Mais au lieu de les imiter, et d'aller se coucher tôt pour être en forme le lendemain, elle était restée dans la salle commune, et avait attendu que tous s'endorment pour la quitter discrètement.


Il y avait des fois comme ça, où elle avait envie d'aller se promener un peu, seule, et ce malgré le fait que le règlement intérieur l'interdisait formellement. Ne croyez pas qu'elle passait son temps à le transgresser hein, mais disons qu'il lui arrivait de le modeler selon ses convenances...
Habillée avec des vêtements moldus, elle pensait qu'elle aurait moins de risques de faire perdre des points à sa maison bien aimée si elle venait par malchance à croiser un professeur, ou encore le concierge.

Quelques jours plus tôt, elle avait entendu dire par un idiot que les Poufsouffle étaient sélectionnés car il n'étaient pas assez courageux pour appartenir à Gryffondor, pas assez intelligents pour rejoindre les Serdaigles, et bien trop peu malins pour avoir le privilège d'être admis à Serpentard.
Balivernes !
Jamais la sang-mêlé n'avait regretté le choix du Choixpeau : Pour elle, la justice et la loyauté étaient des valeurs au moins aussi importantes que celles qui faisaient la particularité des autres maisons...

[...]

Une fois dans le parc, et après avoir vérifié qu'on ne pouvait pas la surprendre, elle s'était changée en une belle louve noire, avant de s'élancer au petit trot en direction de la forêt interdite.
Attention quand je dis noire, ce n'est pas ce mélange affreux de poils grisâtres, mais une couleur riche et profonde, avec laquelle contrastaient deux yeux ambrés.
Elle progressait depuis une quinzaine de minutes lorsque du bruit était parvenu à ses oreilles fines.
Prompte, elle s'était aplatie au sol, à l'abri d'un buisson, en attendant d'en savoir plus sur ce qui approchait.
Forme sombre dans la nuit, elle était indétectable pour des yeux humains...

Je relisais mes notes de métamorphose, non pour le délicat travail de l'étudiant modèle qui apprend ses cours par cœur dans l'espoir d'avoir une bonne note – J'avais une mémoire très efficace et autonome qui prenait soin d'enregistrer les informations au même instant où elle les découvrait – mais surtout parce que je n'avais rien à faire, mes devoirs étant bouclés et le sommeil ne se pressant pas de venir me chercher. Après tout, la nuit avait une influence non négligeable sur ma personnalité, au point que je me sentais souvent doté d'un incompréhensible regain d'énergie qui me poussait à sortir dehors hurler sous la pâle et ronde lune.

Je me souvenais de la tête d'une jeune fille possedant un pauvre chat du nom de Mysti. A la fin de la séance, elle était toute tremblante et son animal ne ressemblait ni plus ni moins à une sorte d'aiguille poilue. Déjà qu'un chat, à la base, pour indiquer l'heure, c'est pas très pratique, une aiguille l'était encore moins, surtout couverte de poils. Il n'empêche, peut être était-ce un peu mesquin de ma part, mais cela m'avait fait rire. Quand le professeur m'avait aperçu et sévèrement fait comprendre que j'aurai du réagir au lieu de rire bêtement, j'avais rendu sa forme à l'animal (à l'aide d'un simple finite incantatem, une vrai chance du débutant) pour montrer que je n'étais pas un imbécile heureux non plus. Cela dit, j'avais tenu mon bec cloué pour le reste de la journée et présenté mes excuses à la demoiselle : loin de moi toute méchanceté.

La journée avait connu moins de péripéties amusantes, et ce jusqu'à cette heure avancée de la nuit, où le sommeil n'était toujours pas décidé à me rendre visite. J'avais passé au moins dix-huit heure assis à griffonner des tas de choses sur des parchemins, je commençais à avoir de véritable fourmilière dans des jambes que j'avais besoin de dégourdir, de toute urgence. J'étouffais, j'avais besoin d'air.

Alors, comme d'habitude, j'attrapais une simple cape après être sortit de mon lit et avoir éteins la lumière que diffusait ma baguette. Je montais un pantalon jusqu'à ma taille, et aussi simplement vêtu, je quittais imperceptiblement mon dortoir. J'avais une grande partie de la nuit à consacrer à ma liberté, et à de grands voyages à travers la forêt interdite que je commençais à bien connaître. Et si j'étais peu habillé, c'était uniquement pour ne pas m'encombrer de vêtement que je risquais de laisser derrière moi après m'être changé en un grand loup blanc. A vrai dire, ce n'était pas simple de garder un tissus qui ne nous appartenait pas, à la base.

Libre. Que ce mot était doux à mes oreilles canine désormais. Je vagabondais tranquillement à travers la forêt, explorant ses merveilles cachés que mille ignorent, parlant de la forêt comme d'une demeure à loup-garous. Ce n'était pas vrai … mais pas totalement faux non plus. J'hurlais une ou deux fois à la lune, lui adressant une sorte de clin d'œil animal, avant de sentir une drôle de présence …

Là bas, dans les buissons, quelque chose se cachais. Attentif, je regardais droit vers les arbres, les oreilles dressées, les dent à demi-découverte, mes yeux bleu sautant de la moindre feuille à l'autre tant qu'elle bougeait. Qui est là, semblait vouloir dire ma position animale …

Ce n'était pas l'odeur d'un humain qui était parvenue à la truffe de Lyséanne, mais une flagrance pour forte, plus musquée aussi.
Toutefois, elle ne ressemblait à rien de ce qu'elle avait déjà pu humer par le passé, du moins, pas totalement. Au cours de ses promenades fréquentes dans le parc du château, mais aussi dans la forêt interdite, elle avait rencontré plusieurs véritables loups, et ce qui approchait avait un parfum similaire.

Toutefois, il y avait quelque chose d'autre, qui n'était pas sans lui rappeler la civilisation.
Un loup-garou ?
Elle ne se doutait pas au début qu'il puisse s'agir d'un autre animagus, car ils étaient relativement rares à Poudlard, et comme cette capacité était généralement gardée au secret par ses détenteurs, elle n'avait pas eu vent que quelqu'un d'autre la possédait.

Aussi, en apercevant un loup blanc arrêté à quelques mètres de l'endroit où elle se trouvait, elle avait été vivement étonnée, ce qui l'avait poussé à se cacher encore un peu, le temps de remettre ses idées en place.
A qui avait-elle affaire ?
Un élève de Durmstrang ? Un professeur ? Ou, et elle l'espérait, un camarade de Poudlard ?

Sa posture était assez menaçante, et il était évident qu'une question informulée venait de lui être posée : " Qui est- là ? "
Puisqu'elle avait été repérée, la jeune louve noire s'était redressée, avant de l'approcher, et de s'immobiliser à son tour en face de son homologue masculin.

Sa queue, positionnée à la verticale derrière son corps, et ses oreilles légèrement inclinées vers l'arrière, indiquaient qu'elle n'était pas belliqueuse. " Pas de panique, je ne te ferais rien " semblait-elle vouloir dire.
Après quelques instants d'observation, elle avait commencé à agiter doucement la queue, et laissé échapper un petit jappement.
" Qui es tu ? "

Faire la conversation serait sûrement difficile sous forme animale, surtout en ayant affaire à un inconnu, mais la jaune et noire se doutait que ni elle, ni son vis à vis, ne voudrait se métamorphoser devant l'autre en premier, de peur d'être dénoncé.
Quoique...

Le vent ne soufflait pas en ma faveur. S'il y avait une légère brise qui faisait s'agiter doucement les feuilles les plus hautes des arbres centenaires de la forêt, celle ci partait de derrière moi et se perdait loin devant mon regard. Par conséquent, si j'arrivais à sentir l'odeur nauséabonde d'un crapaud cornu quelques pas derrière moi, j'étais incapable de percevoir la moindre senteur provenant de l'invisible être qui se cachait dans les buissons. Je restais, par conséquent, sur mes gardes.

C'est alors qu'une louve noire de toute beauté s'extirpa des buissons et se présenta à moi. Au même instant, le vent, plaisantin, s'interrompit, et une odeur étrange envahit mes narines. La saveur était sensuelle, envoutante et étrangement attirante et pourtant … pourtant … il y avait comme un petit quelque chose, un brin de soupçon, qui m'empêchait de considérer la nouvelle venue comme une louve à part entière. Il y avait comme un zeste d'humanité autour d'elle.

Mes nombreuses expéditions à travers la Forêt ne m'avait pas épargné la rencontre de louves véritables. J'avais fais des recherches à propos d'animagus préférant retourner à l'état sauvage et demeurer des animaux pour toujours. J'avais déduis qu'un animagus possédait une sorte d'instinct animal qui pouvait parfois dicter sa conduite. Ainsi, la présence de la louve qui plus est avec cette aura d'humanité devait jouer sur mes hormones et mon instinct.

Cependant, je flashais littéralement sur la paire d'yeux noisette ambré qui me dévisageait. Ses prunelles presque humaine me laissait pantois. Je n'arrivais pas à me défaire de la splendeur de se spectacle. J'avais toujours été attiré par les yeux. Mes homologues – humain bien évidemment – masculin, regardant une fille disait souvent : « T'as vue cette fille ? Un canon ! » Auquel je répondais « Ah ? Pourquoi ? » et dans une version censurée, ils rétorquais « Mais enfin, t'as vu ses formes ? » A quoi je renvoyais « J'm'en fou, moi c'est les yeux qui m'intéresse ». Dès lors, mes amis me prenais pour un Marsien. Ou plutôt Saturnien, étant donné qu'il est dit que les hommes viennent de Mars. Ah ah, très drôle.

« L'animal humaine » me dévisagea un instant avant d'adopter une position qui, en langage loup, signifiait quelque chose comme « Je ne suis pas une ennemi ». Passé quelques instants pour éviter toute tentative de feinte, je dissimulais mes dents à moitié découverte et relâchais un peu la tension de mes muscles. Cela dit, signe de méfiance, j'avais toujours les oreilles dressées. Un jappement et un mouvement de balancier avec la queue de l'autre loup me permit de comprendre qu'elle voulait savoir qui j'étais.

Était-ce facile de répondre à cette question ! Le terme « Je suis un humain » n'existant pas en loup, je me demandais si je pouvais prendre le risque de me transformer quand je me rappelais que je ne savais absolument pas à qui j'avais affaire, et que surtout, je n'étais vêtu que d'une simple cape et d'un pantalon de toile. Autrement dit, j'étais loin du top de l'élégance. J'incarnais plutôt le parfait cauchemar du pudique, en version soft.

Il y avait tout de même bien un moyen pour que je sache vraiment à qui j'avais affaire. Il me suffisait de m'approcher et de la sentir. Mon flair développé trouverait immédiatement la personne à laquelle appartenait l'odeur, si je l'avais déjà croisé au moins une fois. Par contre, je prenais le risque que l'autre m'identifie par la même occasion. Du coup, c'était donnant donnant. Mais puisqu'elle cherchait aussi à savoir qui j'étais, autant faire d'une pierre deux coups …

Je m'approchais alors, me positionnant tout juste à côté de la louve, ignorant mon instinct particulièrement fort ce soir là, et humait délicatement. Mon esprit ne fut pas long, et le visage d'une Poufsouffle qui suivait aussi les cours de métamorphose s'interposa dans mon esprit. Il me fallu une petite minute pour savoir son nom. Je ne doutais pas qu'elle avait également du me « découvrir ».

Le loup blanc la fixait, et elle avait mit quelques secondes avant de comprendre qu'il semblait fasciné par ses yeux.
Cette observation avait quelque chose d'un peu gênant, car si comme le disait le proverbe, " Les yeux sont le reflet de l'âme ", alors cet inconnu avait une vue dégagée sur la sienne.

Il y a des yeux qui reçoivent la lumière et il y a des yeux qui la donnent. Ceux de son vis à vis n'étaient pas ambrés comme les siens, et comme l'étaient ceux des loups ordinaires, mais bleus, un bleu riche et profond.
Elle pensait bien avoir déjà croisé ce regard, mais où...
Les deux animagi se trouvaient dans une impasse : si aucun d'entre eux ne se décidait à faire un pas vers l'autre, la situation n'évoluerait pas.

Aussi, Lyséanne n'avait pas bougé quand son homologue l'avait approchée, dans l'intention de la flairer pour se faire une idée de son identité.
Pendant qu'il la humait, elle en avait fait de même, avant d'afficher une expression de surprise.
Ça alors !
Uriel Diamond, le fils de la directrice !

Cela avait quelque chose de réconfortant, car il était plutôt amical, et dans la même maison que sa cousine, mais aussi d'effrayant :
Ne bénéficiait-il pas d'une autorisation spéciale pour se promener la nuit ?
Après tout, vu sa place au château, sa mère pouvait se permettre de le laisser enfreindre son réglement !
Lui parlerait-il de ce qu'il avait vu ?

Sachant qu'elle avait également été démasquée, et luttant contre l'instinct de la louve, qui semblait avoir très envie de passer un peu plus de temps avec l'autre canidé, la jaune et noire avait reprit son apparence humaine, avant de réajuster ses vêtements légers ( un jean et un débardeur ), et de prendre la parole, quelque peu gênée :

- Euh... salut...

Elle s'était interrompue l'espace d'un instant, avant de reprendre :

- Je ne m'attendais pas à rencontrer quelqu'un ici.

Mais alors vraiment pas, surtout à cette heure !
Menfin, à présent, le mal était fait...

La louve sembla surprise. Elle eut comme une sorte de mouvement de recule, sans toutefois se mouvoir. Je compris qu'elle avait deviné qui j'étais. Et à analyser cette réaction, la mention « fils de la directrice » avait du émergé dans l'esprit de l'élève que je reconnaissais désormais comme étant Lyséanne Katell, une élève de Poufsouffle. J'ignorais alors que sa cousine faisait partit de mon très sélect et mystérieux groupuscule Lumus Libertatem.

Mon mental devint plus bougon. Je détestais être fiché comme étant « le fils de ... » N'avais-je pas assez prouvé à mon entourage que j'étais un élève parmi tant d'autre et que ma mère ne m'avantageais pas le moins du monde et qu'au contraire, elle se trouvait être particulièrement plus dure avec moi qu'avec n'importe qui, sous ma demande ? Je soupirais intérieurement. Je ne voulais pas lui donner l'impression qu'elle me lassait, au contraire. J'étais plutôt infortunément habitué à ce genre de réactions …

C'est alors que la louve sembla prendre un peu de recul. Et, dans l'espace d'une poignée de seconde, elle cédait la place à une jeune demoiselle. Il s'agissait bien de Lyséanne, mon flair ne m'avait pas trompé. Il y avait des choses fidèles et loyales, encore, de nos jours. Décidé à faire de même, j'essayais de mettre de côté ma pudeur. Après tout, elle s'était retransformée en humaine, je devais en faire autant, par courtoisie.

Pourtant, j'attendais encore. A croire que j'avais besoin d'un bon moment avant de me décider de me montrer peu vêtu. Il fallait dire que j'étais surtout en train de prier toutes les divinités magiques ou non du monde pour ne pas perdre mon pantalon dans la transformation, ce qui pourrait se révéler particulièrement gênant. Ah … pudique un jour, pudique toujours ! Et pendant que je ruminais, elle me salua, réajustant son débardeur et son jean légers.

* Aller Cas', un peu de courage … courage fuyons oui ! *

Si j'avais été un être humain à cet instant, j'aurais volontiers déglutit au moins trois fois. Néanmoins, ma très chère morphologie canine m'empêchais d'agir ainsi. Au mieux, je pouvais vomir, mais il n'était pas dit que cela serait très courtois et charmant vis-à-vis de la demoiselle qui me disait qu'elle ne s'attendait pas à rencontrer quelqu'un ici. Elle ne s'attendait pas non plus à recevoir une marre de vomit de chien sur les pieds. Je soufflais lentement.

Me donnant une sorte de claque mentale – Aïe ! - Je me concentrais et récupérais progressivement ma forme humaine. Première réaction : j'étais complet. Seconde réaction : Je portais bien ma cape et mon pantalon en bon état et dans le bon sens. Troisième réaction : J'attrapais les pans de ma cape pour me couvrir le ventre, non pas parce que j'avais froids, mais plutôt dans un soucis de pudeur. Dernière réaction : Je répondais à la demoiselle en lâchant ma cape, comme un idiot accomplit.

« - Salut ! Je dois t'avouer qu'on ne croise pas des animagi loup tous les jours ! » Lançais-je un brin plaisantin. [color:39d8=881122]« Voilà longtemps que tu te métamorphose ? »

Uriel avait attendu un moment avant de reprendre son apparence initiale, et Lyséanne n'avait pas imaginé que c'était par pudeur : Lorsqu'elle se transformait, elle gardait ses vêtements elle !
Du moins, elle y parvenait depuis deux ou trois mois, et elle n'en était pas peu fière. Elle n'était pas de nature orgueilleuse, il y avait de quoi : Rares étaient les gens qui parvenaient à devenir animagi aussi jeunes après tout...

Finalement, son vis à vis avait fini par se décider. Lentement, son corps s'était allongé, pour redevenir celui d'un homme...à moitié nu.
La jaune et noire n'était pas une fille que l'on pourrait qualifier de " coincée ", et pourtant, elle avait légèrement rougit de se retrouver dans un bois en pareille compagnie.
Elle n'était pas désagréable, non, mais enfin...
Passons, vous voulez bien ?

Uriel : Salut ! Je dois t'avouer qu'on ne croise pas des animagi loup tous les jours ! Voilà longtemps que tu te métamorphose ?

Il avait lâché sa cape en prenant la parole, si bien que la femme-louve avait du retenir un petit rire amusé.
Était-il si timide ?
Comme n'importe quelle représentante de la gente féminine l'aurait fait, je suppose, elle avait jeté un bref coup d'œil sur son torse, curieuse, avant de remonter vers son visage, et de répondre à la question qui lui avait été posée, non sans se sentir à nouveau envahie par une chaleur désagréable au niveau des pommettes.

- C'est vrai, c'est bien la première fois que ça m'arrive ! Ça va faire 8 mois prochainement, et toi ?

Il faisait frais, pour ne pas dire froid, si bien que la Poufsouffle n'avait pu s'empêcher de frissonner.
Elle qui était assez frileuse, se retrouver en débardeur dehors en pleine nuit ne la ravissait pas.
Enfin, elle n'avait pas le choix, et son interlocuteur était dans une situation plus désagréable encore...

- Alors... qu'est ce que tu fais ici, si ce n'est pas indiscret ? Tu te promenais ?

Ah la curiosité !
On dit que c'est un vilain défaut, mais aux yeux de Lyséanne, ce n'était pas que ça.
Cette qualité duale était aussi un moteur pour avancer, et bonifier sa culture générale...

Note : ses yeux de louve étaient aussi beau que ces yeux humains. Ces prunelles couleur miel en avait presque la texture, la brillance et l'onctuosité. Il y avait comme une sorte de parfum sucré et mystique qui s'échappait avec volupté de ces iris scintillants. Si la demoiselle n'avait plus vraiment la senteur d'une louve, elle ne dégageait pas moins une saveur des plus exquises. J'étais sans doute fatigué, et mes hormones en profitait pour me jouer des tours. Quelles garces !

Note (bis) : Elle avait regardé, même dans une tentative d'être imperceptible, mon torse mis à découvert par une de mes maladresses. En même temps, cette cape ensorcelée pour tenir chaud sans peser une tonne n'était pas du genre très « enveloppante ». Par conséquent, le moindre geste libérait ce que je cherchais à cacher. En même temps, je me devais de relativiser. Quand bien même elle en parlait à quelques personnes, rares pourraient la croire. Après tout, la rumeur que le fils de la directrice était un animagus et qu'il se baladait la nuit dans la forêt risquait plus d'être considérée comme une intox qu'une info.

Alors, je me détendais un instant, et tant pis si ma cape en faisait autant. Après tout, en temps que loup et que louve, on s'était presque vu « au naturel ». Bon, certes, ces animaux présentaient l'avantage de couvrir ce qui vaut mieux d'être couvert … m'enfin … C'est donc un peu plus détendu que je retournais à ma conversation. Notre conversation.

« - C'est vrai, c'est bien la première fois que ça m'arrive ! Ça va faire 8 mois prochainement, et toi ? »
« - J'ai réussis à me transformer complètement il y a quatre mois. Félicitations ! » Dis-je sincèrement.

Je balançai mon regard en passant d'un arbre à un autre, en traversant la demoiselle que je détaillais rapidement. Je ne pouvais m'empêcher d'observer ses yeux. Rares étaient les yeux qui m'attiraient autant. D'autant plus que je m'était toujours dit que je préférais les bleus, or, ces prunelles marrons allaient créer une forte concurrence dans mes préférences.

C'est alors que je remarquais qu'elle frissonnait. Elle avait froid. En même temps, en pleine nuit, en plein dans le mois de janvier, la température n'irait pas narguer les trente degrés non plus ! Surtout en grande Bretagne qui plus est. Ainsi me sentis-je, étrangement, coupable de sa froideur. Après tout, si elle ne m'avait pas rencontré, elle serait encore sous forme de louve, bien à l'abri sous une douce fourrure chaleureuse.

De plus, j'avais donné l'impression d'être timide. Or, je détestais qu'on puisse m'analyser et tirer des conclusions sur mon compte. Alors qu'elle me posait une autre question, je m'avançais en détachant ma cape et m'arrêta à un pas d'elle. Habillement, je lui passais ma cape ensorcelée autour des épaules et je la nouais délicatement autour de son cou. D'ici peu, une douce chaleur se répandrait en elle, comme si elle avait plongé dans un bain d'eau chaude.

« - J'évite aux jeunes demoiselles de mourir de froid en ces bois ! Nan, sincèrement, j'avais envie de me balader. Je cherche le Sommeil, tu ne l'aurais pas vu par hasard ? » Plaisantais-je à nouveau.

Uriel : J'ai réussis à me transformer complètement il y a quatre mois. Félicitations !

Lyséanne avait apprécié le compliment. Elle avait mit tout son cœur à l'ouvrage lorsqu'elle avait décidé de devenir animagus, et une joie immense l'avait envahie quand elle était enfin parvenue à ses fins.
Elle n'était pas une travailleuse acharnée, mais quand elle entreprenait quelque chose qui la fascinait à ce point, elle s'avérait être d'une redoutable efficacité.

- Merci. Je crois que nos efforts valaient vraiment la peine.

Pauvres moldus, qui ne pouvez qu'ignorer la sensation que courir à travers bois en voyant à travers des yeux autres qu'humains peut procurer...
Si elle avait au départ eu quelques menues difficultés à " apprivoiser " l'animal qu'elle avait fait naître en sa personne, la jaune et noire n'avait pas tardé à le considérer comme partie intégrante d'elle même.
Elle aimait se sentir louve. Cela lui permettait de voir les choses autrement, de se sentir plus libre, mais aussi moins inhibée. Ce petit côté sauvage lui plaisait bien, vraiment.
Et c'était sans compter les avantages qu'un tel don conférait, comme une nette amélioration des sens !

Le jeune homme n'avait pas répondu à sa question tout de suite. Avant cela, il s'était approché d'elle, avant de... mais qu'est-ce qu'il...?!
La demoiselle avait de nouveau rougit lorsqu'il lui avait délicatement déposé sa cape sur le dos, avant de la nouer autour de son cou.
Pour tenter de cacher ses joues écarlates, ou du moins, pour limiter les dégâts, elle avait baissé la tête l'espace d'un instant, avant d'inspirer une bonne goulée d'air frais.
On se calme, tout va bien...

Uriel : J'évite aux jeunes demoiselles de mourir de froid en ces bois ! Nan, sincèrement, j'avais envie de me balader. Je cherche le Sommeil, tu ne l'aurais pas vu par hasard ?

Lentement, elle avait relevé la tête, pour le regarder à nouveau. Après tout, il n'était pas très poli de marmonner en scrutant le sol, à plus forte raison quand on avait affaire à un garçon aussi galant.
Ils étaient devenus si rares !

- Pas ce soir, non.

Elle s'était interrompue, avant de poser une main sur le vêtement qui n'était pas le sien.

- C'est très gentil, mais tu n'aurais pas du... tu vas tomber malade en te baladant torse nu par ce froid.

Il était indéniable que le geste d'Uriel avait fait son effet : Lyséanne se sentait bien mieux à présent qu'elle avait chaud, mais elle ne pouvait s'empêcher d'avoir des remords, et de s'inquiéter pour son vis à vis...

J'aurais bien écrit des pages et des pages de notes sur la jeune fille que je découvrais un peu plus à chaque seconde. La demoiselle, à l'instant où je lui avais passé la cape au cou, avait prit une délicate couleur rose rouge qui lui allait étonnamment à ravir. Cela faisait miraculeusement bien ressortir la teinte sublime de ses yeux et l'image était d'une splendeur à faire pâlir de jalousie un ange tombé du ciel.

J'étais assez perturbé de la rendre mal à l'aise, loin de là toute pensée de se genre. Mon but n'était absolument pas de la draguer, mais je considérais la galanterie comme une chose précieuse, honorable et raréfiée. J'essayais donc, toujours, de la respecter au mieux, afin de montrer que, non, tous les hommes n'étaient pas devenus de gros rats bougonnant. D'autant plus que, qui pouvait se montrer désagréable face à une si belle … heum … passons.

D'un autre côté, j'étais tout de même assez amusé de l'effet que je produisais sans vraiment le vouloir. A croire que de nos jours, la gentillesse devenait quelque chose de tellement exceptionnel que prêter sa cape à une demoiselle en proie au froid devenait aussi rare qu'un acteur hollywoodien vous signant un autographe avec la mention « Mon très cher ami ». J'avais presque envie de la serrer dans mes bras pour la réchauffer un peu, mais quelque chose me disais qu'il vaudrait mieux que je me retienne. La convenance avant tout !

Et oui, nos effort valaient la peine. Devenir animagus avait été une grande joie et une grande fierté personnelle. Avoir la forêt à disposition, une véritable extension de la Liberté. Ah … la liberté, ce sans quoi je ne serrais rien. Ou alors un fou promis à la chambre forte la plus sécurisé d'un asile. A choisir … hum … c'était difficile.

Oh, zut, elle n'avait pas vu le sommeil. A croire que je devrais me passer de son étreinte rassurante cette nuit. De toute façon, comme ragaillardis par la peine lune, je n'éprouvais encore pas la moindre trace de fatigue. D'ici quelques heures, peut-être me surprendrait-on à bailler pendant un cours, mais je pourrais toujours prétendre à une mauvaise nuit. Quoi que, ça serait mentir … hum …

« - C'est très gentil, mais tu n'aurais pas du... tu vas tomber malade en te baladant torse nu par ce froid. »
« - Ne t'en fais pas pour moi ! Il m'est arrivé de me retrouver dans des situations plutôt compromettantes si tu vois ce que je veux dire … Il m'est arrivé de perdre quelques vêtements pendant mon entrainement à la transformation. De même que j'ai dû sauter dans le lac en pleine nuit de décembre pour échapper à une horde de tarentules géantes en colère. Enfin bref, niveau résistance au froid, je suis calé ! » Dis-je en riant légèrement sous la lune.

Je la remerciais de son inquiétude d'un sourire aimable. Rendre service me plaisait plus qu'autre chose. Cela dit, mon association secrète était fondé pour ça, dans un premier temps : rendre service aux élèves de Poudlard en tentant de les protéger du dangers de nos invités éphémères …

« - Tu as aimé le dernier cours de métamorphose ? » Dis-je.

Comment transformer une agréable rencontre en floop total. Je n'avais pas d'autres sujet de conversation à aborder, me sentant un peu mis à nu …

Uriel : Ne t'en fais pas pour moi ! Il m'est arrivé de me retrouver dans des situations plutôt compromettantes si tu vois ce que je veux dire … Il m'est arrivé de perdre quelques vêtements pendant mon entrainement à la transformation. De même que j'ai dû sauter dans le lac en pleine nuit de décembre pour échapper à une horde de tarentules géantes en colère. Enfin bref, niveau résistance au froid, je suis calé !

Le rire cristallin de la jeune femme s'était élevé dans la forêt pour saluer ces anecdotes amusantes.
Elle même avait du faire face à de nombreux petits imprévus à l'époque où elle s'exerçait pour essayer de se transformer.
Ce qu'elle parvenait à faire aujourd'hui en quelques secondes lui prenait jadis beaucoup plus de temps, plusieurs heures parfois. Elle ne comptait plus le nombre de fois où elle s'était retrouvée nue, ou affublée d'un membre animal dont elle ne parvenait à se défaire qu'après de durs efforts...

- Vraiment ? je suis bien heureuse de ne pas m'être retrouvée en face de ces bestioles, je dois dire que je ne les aime pas beaucoup...

Ah les insectes, leurs corps velus, leurs petites pattes agitées et leurs yeux globuleux !
Rien que d'y penser, la jaune et noire en avait des frissons. Elle n'en avait pas peur à proprement parler, mais ils avaient tendance à la répugner...

Uriel : Tu as aimé le dernier cours de métamorphose ?

Tiens, quelle drôle de question !
Le rouge et or cherchait certainement à meubler leur conversation quelque peu hésitante, aussi, la demoiselle lui avait répondu :

- Oui, beaucoup, mais je ne suis pas sûre que ce soit le cas des chats, en particulier de Mysti ! Et toi ?

Si Marlow avait eu " la chance " d'être changé en une horloge quasi en état de marche ( l'aiguille tournait simplement à l'envers ), ce n'était pas le cas de ce malheureux matou, qui avait fini par ressembler à une vieille pelote de laine truffée d'aiguilles à coudre...

En attendant une réaction de la part de son interlocuteur, la Poufsouffle avait levé les yeux vers la lune.
Pleine et lumineuse, elle éclairait délicatement sa peau très pâle, et se reflétaient dans ses yeux émeraudes.
Elle adorait la lune, à plus forte raison depuis qu'elle " partageait " son corps avec la louve.
En été, elle pouvait passer des heures à la contempler, et à louer sa magnificence en " chantant " en son honneur.

- Elle est belle n'est-ce pas ?

Ces quelques mots lui avaient échappés. Consciente qu'Ulric ne comprendrait sûrement pas de quoi elle parlait si elle n'ajoutait rien, elle avait précisé :

- La lune.

Une vieille légende racontait qu'il y avait très longtemps, quand les loups avaient formés leur premier clan, ils étaient si heureux qu'ils avaient entonné un interminable chant. Le concert n'avait pas plut au soleil, qui s'était couché plus tôt que d'habitude en se bouchant les oreilles avec des nuages. En revanche, leur mystérieuse musique avait attiré la lune, qui s'était faite toute ronde pour l'écouter. Fiers d'avoir une si belle auditrice, les chanteurs avaient redoublé d'ardeur, et c'est pourquoi, depuis, ils recommencent leur récital chaque soir de pleine lune...

« - Vraiment ? je suis bien heureuse de ne pas m'être retrouvée en face de ces bestioles, je dois dire que je ne les aime pas beaucoup... »

J'eus un léger rire. De mes dix-sept ans d'existence, je n'avais encore jamais quelqu'un susceptible de me dire qu'il adorait les tarentules géantes. Et pour cause ! Qui pouvait apprécier ces bêtes répugnante au corps énorme comme une voiture, recouvert de poils urticants, et doté de huit pattes suffisamment forte pour pour aplatir comme une crêpe ? Je détestais les araignées. Non pas qu'elles me faisaient peur, mais je ne pouvais tout simplement pas les supporter.

Apparemment, je n'était pas le seul à ne pas supporter ces sales bestioles. Il était vrai que parmi le monde entier, l'unique individu qui pourrait tolérer l'existence de ces bêtes là, je ne le voyais absolument pas dans le corps fin et élégant d'une demoiselle comme Lyséanne. Ni avec de si beaux yeux … hum, je divaguais.

« - Personnellement, elles ne sont pas mes amies non plus ! » Riais-je.

Peu après, j'avais abordé le sujet du cours de métamorphose, plus comme une carte joker que par réel intérêt. Mais je n'avais pas envie que la rencontre tourne à une sorte de silence partagé et gêné. C'était plutôt agréable de rencontrer une élève animagus louve qui pouvait, de ce fait, le comprendre mieux que quiconque.

Elle répondis qu'elle avait aimé le cours, mais que ça ne devait pas être le cas du chat Mysti. Le pauvre, quand on songeais à ce qu'il était devenu après être passé sous mille sortilèges de sa maitresse complètement dépassée. Je me disais que je n'aurais pas supporté d'infliger ça à mon animal. Enfin, en même temps, je n'en avais pas, même si j'envisageais d'en adopter un prochainement. Après mes études peut-être.

Je m'apprêtais à répondre quand il vit la demoiselle lever légèrement la tête vers la lune, je suivais son regard et tombais sur la magnifique pleine lune, spectatrice de notre rencontre. J'en restais cloué, impossible de sortir le moindre son de ma bouche. Une sorte d'envie lointaine d'hurler comme un loup me traversa l'esprit. Belle lune …

J'en oubliais complètement ce que j'étais sur le point de dire. La lune avait une sorte de pouvoir hypnotisant, tant elle était belle. Je la regardais un instant, vidé de toute impression négative qui cela dit ne se pressaient pas en mon âme ce soir là. J'avais une agréable présence à mes côtés, semblait-il …

« - Un disque d'argent qui brille non pas de lumière mais de toute la beauté du monde qu'elle renvoie en un seul rayon ... » Déclarais-je …

Quand soudain, il me sembla entendre du mouvement dans les buissons à proximité …

Uriel : Personnellement, elles ne sont pas mes amies non plus !

Qui pouvait être ami avec de telles horreurs ?
Sa grand mère lui avait raconté qu'autrefois, à Poudlard, vivait un garde chasse qui aimait tellement les animaux qu'il avait recueillit une sorte d'araignée géante, affectueusement prénommée Aragog.
Lyséanne ne savait si elle devait la croire ou s'il ne s'agissait que de ragots d'époque, mais s'il s'avérait que c'était la vérité, ce type devait être étrange, voir un peu dérangé...

[...]

La lune était au centre de l'attention des deux jeunes gens. A vrai dire, elle semblait même les avoir envoûtés, à tel point qu'il ne pouvaient plus en détacher leurs yeux brillants.

Uriel : Un disque d'argent qui brille non pas de lumière mais de toute la beauté du monde qu'elle renvoie en un seul rayon ...

Waouh...
Cette phrase, la jaune et noire s'était promis de la retenir. C'était tellement beau, et poétique !
Décidément, son interlocuteur était plein de ( bonnes ) surprises...
Elle allait louer ses belles paroles, quand du bruit était parvenu à ses oreilles. Il lui avait fallu quelques secondes pour détacher son regard du spectacle céleste qu'elle contemplait, et ce qui l'avait remplacé lui plaisait nettement moins, je vous prie de me croire...

Une grosse, non, une énorme tarentule !
OK, surtout, ne pas paniquer...
Le premier de ses réflexes avait été de reculer lentement, pour se rapprocher de son compagnon d'infortune. Elle se serait bien saisit de sa main, mais comme elle le connaissait à peine, elle ne se l'était pas permis.
Le second avait été de refermer ses doigts légèrement tremblants sur le manche de sa baguette, qu'elle avait fermement agrippé.

Un seul sortilège ne viendrait pas à bout de la monstrueuse créature velue et cuirassée qui venait de sortir de nulle part.
Deux choix s'offraient donc à eux : la fuite, ou une alliance, qui les mènerait à une victoire incertaine, ou du moins, leur permettrait un probable salut...