« Le noir de la nuit » || Uriel D.

J'avais soif. Alors là, c'était le pompon. Primo, il était pas loin de deux heures du matin. Secundo, je n'arrivais déjà pas à dormir. Tercio, j'avais envie d'une eau bien particulière et naturelle ce qui voulait dire, en gros, que j'avais besoin de sortir me dégourdir les jambes du côté de la forêt interdite. Et forcément, comme j'adorais la liberté, les escapades nocturnes ne me plaisait que trop. Par contre, parce qu'il y avait quand même un « mais », j'avais un important devoir de sorts et enchantements demain matin à la première heure, et tout le monde sait que la fatigue a tendance à diminuer sérieusement les capacités intellectuelles.

Je jurais silencieusement tout en sortant de la tiédeur de mes draps rouges et or. J'attrapais un pantalon, et une cape, soit le minimum syndical pour pouvoir apparaître en publique - même si j'aurais préféré une tenue plus couverte – tout en me permettant de me transformer sans trop de mal en Loup. L'état d'animagus avait des avantages, mais aussi, le gros inconvénient, c'était sans nul doute la difficulté qu'était d'emporter avec soi des vêtements. Et c'était … plutôt gênant.

Je glissais ma fidèle baguette dans la poche intérieure de ma cape que j'avais aménagé justement en l'occasion de ces sorties nocturnes. Transporter ma baguette à la main puis me changer en loup me semblait un tout petit peu excentrique et peu recommandé. Bref, il n'est pas nécessaire de faire une dissertation sur l'utilité d'une poche, même si celle-ci est greffée à une cape, si ?

C'est alors que j'avançais dans les escaliers descendant de la tour des Gryffondor, les yeux s'habituant plus vite que ceux de quiconque dans l'obscurité – Je n'étais pas animagus loup pour rien -, que je perçu une lumière en provenance du septième étage. Mes sourcils se rejoignirent presque tandis que je glissais ma main dans mon dos pour cueillir ma baguette. Ah fidèle compagne, que ferai-je sans toi ?!

Mon esprit semblait fonctionner au ralentit, car c'est seulement au beau milieu de la distance qui me séparait du rôdeur que je réalisais combien j'étais peu vêtu. Aussi, vous m'autoriserez à me traiter copieusement d'être « vraiment con » parmi d'autres insultes dans ce genre. Cela dit, l'extinction de la lumière inconnue fit taire mes profondes réflexions philosophiques.

C'est là où dans tous les abrutis de films à suspense, le héros s'alarme et finit par sortir l'habituel « Il y a quelqu'un ? » alors qu'il sait pertinemment qu'il y a justement quelqu'un qui s'agite dans les ténèbres. Dans les films d'horreur, ça finit par un bain de sang. Et très franchement, j'avais très peu envie de servir de première victime à un tueur en série, ni de voir mes entrailles exposées à la vue de la population magique dans la Gazette du Sorcier. Seulement, je n'étais pas un héros, ni une victime.

J'inspirais un grand coup, par les narines. L'état d'animagus prodigue bien souvent d'espèces de liens très fort avec l'espèce en laquelle on se transforme. Je l'avais appris à mes dépends. Ainsi voyais-je plutôt bien dans le noir mais aussi avais-je un flair particulièrement sensible. Je pu donc reconnaître l'odeur à laquelle était reliée une demoiselle. Une fille que je tardais à retrouver dans ma mémoire croulant sous des millions de formules en tout genres, mes recherches personnelles dans l'élaboration de sorts mais aussi, les cours imposés par mes chers amis professeurs. Ah, ça y était, ça me revenait. Elle s'appelait Alyzée. Quand au nom de famille, il me reviendrait plus tard. Que foutait-elle là à une heure aussi tardive.

M'avançant à pas de loup – bizarrement, j'étais excessivement doué dans le domaine, allez savoir pourquoi – je m'approchais tout près d'elle sans qu'elle ne me remarque, dans l'obscurité opaque. Et soudain, je brandissais ma baguette. Je savais que j'aurais très peu aimer qu'on s'amuse à m'effrayer, mais j'avais l'instinct de l'animal que je devenais régulièrement, et que serait un grand méchant loup qui ne ferait pas peur de temps en temps ? Une matière première à tapisserie.

« - Lumos. Bonsoir … quelle heure tardive pour une promenade ! On a perdu ses cachots ? » Fis-je avec un ton sarcastique, mais pas méchant.

Il était une fois L'homme. L'individu homo sapiens masculin est un mammifère vertébré qui dès le début de son ère a démontré des capacités athlétiques, en théorie, supérieures à celle de son homologue féminin. Et si sa morphologie peut sembler indestructible, il existe tout de même un point sensible universel qu'il lui vaut mieux protéger à tous prix de ses adversaires belliqueux. Car si un ennemi frappe là où ça fait mal … l'homme n'a plus qu'à faire ses prières. Fin.

Comme quoi, l'homologue féminin était nullement inférieure à l'homme. Car c'est le coup de pied bien placé d'Alyzée qui justifia cette affirmation. Si elle croyait s'être trompé, j'espérais vivement qu'elle n'essayerait pas de recommencer, au quel cas, je me retrouverais dépourvus de ma virilité scientifique et bénéficierait de deux nouvelles amygdales. Personnellement, les deux que j'avais déjà me suffisait amplement.

Même si j'aurais voulu ne rien laisser paraître, la douleur fut suffisante pour me faire reculer un peu. Ma baguette, fidèle et protectrice voulant m'épargner la honte, s'éteignit, me permettant de grimacer dans l'obscurité et de me pencher légèrement en avant. Une de mes mains se porta sur mon anatomie, comme pour vérifier que l'oiseau n'était pas sortit de sa cage. A croire qu'il n'était pas encore prêt à voler de ses propres ailes … ouf.

J'eus juste le temps de me redresser pour voir une lumière m'éclater les prunelles. Voilà, je crois que j'avais trouvé une des rares allégories qui subsistaient dans notre monde. Celle-ci n'était que l'incarnation de la douceur et de la délicatesse. Oui, il n'y avait pas à dire, chaque parcelle de mon corps, de mes yeux jusqu'à mon intimité, pouvait en témoigner.

« - Et le lion est tombé du ciel ? Ça promet. »
« - Jusqu'à preuve du contraire, un lion ne vole pas ... » Répondis-je simplement sans animosité.

Une petite ampoule s'alluma dans ma tête et ma baguette, sans doute télépathe, s'illumina également. Le nom de la demoiselle venait de me revenir. Il s'agissait d'Alyzée Ashbury, une Serpentard plutôt effacée parmi ses congénères. Je regrettais un instant de ne pas avoir prêter un peu plus d'attention au personnage, ce qui m'aurait permis d'en savoir un peu plus sur elle. Mais il y avait un début à tout et la liberté s'accompagnait souvent d'improvisation … alors j'allais faire avec.

« - Tardif ? Oui, mais, au risque de te froisser, tu es autant en tord que moi.. Être le fils de la directrice ne donne pas tous les privilèges, que je sache. Si ? »
« - Qui sait ? Peut-être que j'ai le droit à des bonbons à la fraise quand j'en ait envie ! » Fis-je.

Sarcasme un jour, Sarcasme toujours ! Lui et l'ironie était mes armes préférées lors d'un discours agonique. Houlà ! Que de littérature mes amis ! Je n'avais pas été visiblement touché par la réplique de la langue de vipère. J'y étais plutôt habitué et j'avais mis quelques années à démontrer que non, je n'était pas le fils à maman. Finalement, l'école avait finit par bien l'intégrer, même si certaines personnes ne trouvaient manifestement rien de mieux à dire pour tenter de m'atteindre.

« - Occupé à chercher une nouvelle cachette pour donner tes petites réunions ? Ou c'est juste une visite de courtoisie aux fantômes du château ? »
« - Ni l'un, ni l'autre. Et avant que tu me le demandes, je ne suis pas non plus un de tes clients. Et bien quoi ? Avoue que ta tenue, en cette heure plutôt tardive, incite à quelques suppositions qui ne sont pas en ton honneur … » Rétorquais-je sur le vif.

Je l'avais surprise en train de se couvrir. Je me faisais remarquer qu'au niveau vestimentaire, j'étais très mal placé pour faire des commentaires. Mais je ne perdais en rien de la pseudo-superbe qui semblait ne jamais me quitter. Certains pensaient à de la prétention, moi, je savais qu'il ne s'agissait que d'une protection. Une parade inoubliable dans la société de ces jours.

« - Si ça ne te dérange pas, j'aimerais qu'on poursuive notre conversation dans la salle sur Demande, si tu vois de quoi je veux parler. Je n'aimerais pas que le concierge nous surprenne et nous colle alors qu'on ne demande simplement qu'un peu de liberté ... » Finis-je par lui dire, très sincèrement, en pointant de ma baguette le pan de mur qui ouvrait sur une des salles les plus mystérieuses du château.

« - Comme si tu avais quelque chose à dire sur le sujet. Être bien foutu ne permet pas toutes les fantaisies. »

Je ne relevais en rien le compliment détourné. Je resserrais d'un air naturel la cape autour de mes épaule de sorte à ce que le minimum de peau soit exposée à sa vue, ce qui était plutôt ardu quand on avait un bras levé et tendu vers un morceau de mur. Cela dit, j'eus un léger rire simulé comme pour montrer que je n'étais en rien touché par ses mots.

Ceci relevait de l'affection. Or, l'affection était quelque chose qui avait le mauvais goût de m'effrayer particulièrement. Comment pouvait-on entreprendre des projets dangereux, une lutte contre les organisateurs d'obscures évènements, lorsqu'on était attaché à quelqu'un qui risquait donc, inévitablement, de devenir une cible détournée pour nous atteindre en plein cœur ? Une séparation, cela faisait tellement mal. L'image nébuleuse d'un père qui ne m'avais jamais reconnu flotta un instant dans mon esprit avant que je ne me secoue les méninges.

Après lui avoir proposé que poursuivre notre discussion particulièrement profonde et relevant d'un haut niveau d'intelligence dans un endroit plus approprié qu'un couloir sinistre, je m'écartais du chemin pour la laisser passer. Ce n'était pas parce qu'il s'agissait d'une élève de la maison Serpentard que je perdrais l'usage de la politesse et de la galanterie. Je n'avais pas dit « Les femmes d'abord », car cela me semblait bien trop exagéré et inutile étant donné que je venais expressément de me décaler pour lui libérer le passage.

La porte apparue à l'instant sur le pan de mur s'ouvrit d'elle même et nous entrâmes dans une pièce agréable. Les nuances de rouge, de vert, d'or et d'argent s'entremêlaient dans un mélange appréciable. Une grand bibliothèque occupait un mur tandis qu'un autre était recouvert d'un grand miroir. Des fauteuils couleur sang et émeraude étaient chaleureusement installés sur un grand tapis de fils d'or et d'argent qui bordait une cheminée aux flammes bleuté et supportait une table basse en verre. La table portait quatre bougies sur tout son long, ni rouges, ni vertes, mais blanche et en forme de colombe. J'eus tôt fait de remarquer qu'elles ne fondaient pas.

Je passais devant une statue grandeur nature d'un grand homme musclé comme le veux le sens artistique des sculpteurs grecs. Il ne portait qu'un drap qui cachait uniquement ce qu'il convenait de couvrir en présence d'une femme qui n'était nullement celle qui partage votre lit. Dans sa main droite se tenait une épée, parfaite reproduction de la célèbre lame de Gryffondor. Il était en position de combat contre un splendide loup, figé dans la pierre blanche.

La demoiselle, pendant que j'observais chaque détails de la pièce, était allée s'installer dans un fauteuil, vert, évidemment. Je m'approchais silencieusement du miroir où je ne vis pas mon reflet, ni celui de la jeune femme. Je compris qu'il s'agissait d'une glace à ennemis. J'esquissais un sourire qui ne vit jamais le jour sur mon visage avant de fermer la porte d'un léger coup de baguette presque imperceptible.

« - Je suppose que tu ne m'as pas fait venir là pour parler de la pluie et du beaux temps.. Si ? Enfin, avec toi il paraît qu'il faut s'attendre à tout. »

Je ne répondis pas immédiatement. Je m'étais approché de l'antre de la cheminée ou brillaient des flammes bleues. Je contemplais le phénomène avec appréciation. La couleur se répandait bien dans la pièce et cela changeait des traditionnelles braises rouges. En effet, je n'avais pas fait venir la demoiselle ici pour parler météo.

« - Il a neigé aujourd'hui. De lourds flocons d'un chagrin sans faille, tombant d'un ciel chargé de nuages bien sombre. La neige, en tombant suffisamment, dissimule les traces de celui qui chercher à cacher ses méfaits … tu ne crois pas ? »

Sitôt que j'eus parler, j'observais du coin de l'œil un exemplaire de la gazette du sorcier, datant du premier janvier, apparaître sur la petite table basse.

« - Ils ont donc raison, tu n'as décidément que ça en tête. »

Une lueur féroce traversa mes yeux et les flammes s'enhardirent dans l'antre de la cheminée, répandant une lumière devenue violette maintenant que du rouge se mêlait au bleu du feu. Je regardais le brasier lécher les buches immortelles avec ce qui semblait être une pointe de désinvolture. Et pourtant, mon cœur battait au rythme d'une profonde détermination à répandre la justice et la vérité dans ce monde bien obscure.

Ainsi donc, les Serpentard nourrissaient des soupçons quand à mes activités. En même temps, quiconque avait des oreilles pendant les cours savait, au son de mes protestations argumentés, respectueuses mais passionnées, que j'avais du mal à tolérer les injustices. Et les Serpentard se réjouissant de la disparitions de trois élèves de Sang Mêlé avaient le don de me mettre en rogne lorsqu'il parlait de « nettoyage ».

Cela dit, je remarquais l'emploi du « Ils ». Un pronom impersonnel avec lequel, même si c'était involontaire, elle montrait qu'elle se démarquais du rang de ses semblables. Je notais par la même occasion que bien peu de sorciers vert et argent auraient accepté de discuter dans cette salle avec un Gryffondor comme moi. Je repérais là une demoiselle manifestement en désaccord avec certaines opinions de sa propre maison. Et comme le montrait la salle, verte, rouge, dorée et argenté, elle cherchait à se rapprocher de la Liberté …

Mais oui, je n'avais que ça en tête. Coincer le coupable. Prouver l'implication de ce mystérieux nouveau directeur de Dumstrang. Saisir ses complices mais surtout, sauver les disparus si c'était encore possible et mieux encore, protéger l'école. Je considérais la disparition des trois élèves comme un échec personnel. Mon groupe n'était constitué que d'un membre, mais j'avais de grands espoirs de le développer.

« - Je dirais même qu'un orage se prépare. »

J'avais saisit le message. Du moins, un message. Elle savait des choses. Elle était au courant des sombres desseins qui se dessinaient dans l'ombre. Elle semblait vouloir m'en parler. Elle semblait vouloir apporter son aide, et, en vérité, j'avais très envie qu'elle le fasse. Non pas pour l'utilité qu'elle pourrait avoir, mais parce qu'au fond, cette fille m'inspirait confiance. Elle me faisait croire que tout n'était pas perdu, que même chez les vert subsistait encore de bonnes choses. De belles âmes …

A travers le miroir, je l'observais aller prendre un livre vieux et poussiéreux. J'avançais en même temps qu'elle vers le fauteuil rouge tandis que à chaque extrémités de la Gazette, deux verres apparaissaient comportant des boissons. Les boissons favorites de chacun d'entre eux. Je ne la quittait pas des yeux.

« - Je manque de paratonnerre. Et d'ordinaire, je les vérifie de fond en comble avant de les utiliser. Mais si tu veux prêter le tiens, je te ferais confiance … Car après tout, les paratonnerre ne sont pas vraiment des objets, pour ma part ... »

« - Je crains fort que les tiens n'acceptent pas les langues de vipère. »

Salazar Serpentard glissé presque naturellement sur la table basse, le message était on ne peut plus clair. Peut-être aurais-je besoin d'une bougie pour le recevoir ? Non. Cette jeune demoiselle aussi innocente qu'elle semblait possédait l'extraordinaire faculté de parler aux Serpents. C'est alors que je levais un sourcil. Craignait-elle, ou jugeait-elle ?

J'attrapais le livre sans lui répondre. J'estimais que quelques soit les talents d'autrui, une application simple et évidente de la liberté impliquait qu'il ou elle puisse vivre et agir comme bon lui semblait. Fourchelang, et alors ? Elle désirait manifestement les aider. Ce n'était certainement pas un talent obscure, aussi sombre soit-il, qui allait l'en empêcher.

Je feuilletais l'ouvrage d'un air distrait comme si je réfléchissais à ma réponse alors qu'elle était déjà toute trouvée. J'errais au milieu des loups-garous et des métamorphomages, en passant par Héléna Serdaigle et Christina Moldubec, tout en conservant un silence de mort. Comme pour la laisser réfléchir à l'idiotie qu'elle venait de dire.

Mais pour mieux enfoncer le clou, elle prit un marteau et martela (que voulez-vous faire de mieux avec un marteau ? Tout compte fait, je préfère ne pas vous poser la question …) en sortant quelque chose comme « Seriez vous prêt à m'engager sachant ma réputation ? ». J'avais presque envie de lui dire qu'on en avait rien à faire de sa réputation. De même que j'étais le fils de la directrice, cela ne m'empêchait pas de mener ce groupuscule en quête de vérité.

J'arrêtais de tourner les pages sur un chapitre destiné aux animagus enregistrés dans les derniers siècles. Je n'y figurais pas, évidemment, mais puisqu'elle aimait jouer le naturel artificiel sous-entendu, je voulais aussi montrer que c'était un de mes jeux préférés et que bien souvent, les autres se lassaient avant moi. Je déposais le livre sur la table pour m'emparer d'un des verres qui avait apparu peu avant, que je vidais d'une gorgée, silencieusement.

« - Chacun ses secrets, chacun sa maison. Mais ici, nous avons tous le même chemin, les mêmes ambitions. Indéniablement, ça tisse des liens. Maintenant, ce n'est pas nous qui acceptons qui que ce soit. Ce sont les autres qui acceptent, ou non, de se joindre à nous. Je t'ai trouvée digne de nous rejoindre. A toi de prendre ta décision, mais sache qu'elle t'engage sérieusement. »

« - Je suis déjà sérieusement engagée.. »

J'esquissais un grand sourire. Je ne pouvais pas l'expliquer, mais le fait qu'Alyzée nous rejoigne dans cette organisation me remplissait d'une étrange joie. Elle me ressemblait bien plus que je le pensais, toute aussi mystérieuse, toute aussi tourmentée que moi. Voilà peut-être pourquoi je ressentais comme une sorte de soulagement en entendant ces quelques mots. Elle signait là l'arrivée du second membre de Lumus Libertatem …

Elle ferma les yeux, comme pour s'accorder une minute de réflexion. Je pris soin de ne rien répondre, respectant son désir de penser tranquillement. Je glissais mon regard sur l'antre de la cheminée dont les flammes avaient reprit leur teinte bleue et hypnotique. Une aura de douceur et de mysticisme en émanait indubitablement.

Désireux de boire à nouveau, il ne fallu que l'instant de le penser pour que le verre que je tenais en mes mains se remplisse à nouveau. Il n'y eut pas le moindre bruit. Une seconde auparavant, il était vide. Désormais, il était plein. Comme un transplanage, sans le petit « pop » qui l'accompagnait. Cette salle, qu'on soupçonnait d'avoir été innovée par la créative Rowena Serdaigle, était décidément bien surprenante.

Je déposais mes lèvres dans la saveur tiède et douce d'une bieraubeurre exquise. Je laissais le liquide envahir ma bouche et caresser mon palais tandis que je m'imprégnais de son goût absolument parfait. J'attendais encore un instant, la bouche remplie, avant de reposer mon verre à moitié vide sur la table basse tout en avalant lentement la divine boisson.

Mes yeux rencontrèrent alors les prunelles évoquant un ciel paradisiaques qui appartenaient à la demoiselle en face. Je m'y perdis un instant, comme si j'essayais de deviner ses interrogations. J'aurai pu user d'un sort de légimancie, comme ma mère m'en avait appris quelques notions. Mais à quoi bon violer la liberté d'autrui quand la réponses à mes questions m'arrivait sur un plateau d'argent ?

« - Qu'attends-tu exactement ? De quoi as-tu besoin ? »
« - J'attends la Vérité et j'ai besoin de Fidélité. »

Je pointais ma baguette sur l'exemplaire de la Gazette, soulevant dans les airs les deux pages qui m'intéressaient. L'une portait les photos des trois disparus. L'autre comportait l'image d'un Dumstrang explosé.

« - Je ne crois pas aux coïncidences. Je cherche à savoir qui est derrière tout ça. Mais mon objectif principal est de protéger les élèves. Je ne veux pas de victimes. Je voudrais faire en sorte de retrouver les trois disparus. En clair, je veux la Vérité, la Justice et la Liberté. Mais je n'y arriverais pas seul. Voilà pourquoi j'ai besoin de gens de confiance, tels que toi, pour y parvenir. Voilà pourquoi j'ai besoin de fidélité. Je ne veux pas d'esclaves, tu es libre de tes gestes, je demande simplement qu'on agisse dans des intérêts communs. C'est tout. »

Je me levais, tandis que les deux morceaux du journal retombaient soigneusement sur la table basse. Comme j'en avais besoin, un miroir minuscule de quinze centimètre de large et de haut se matérialisa sur la Gazette. Je me dirigeais vers la grande glace.

« - Ma priorité ? Protéger et libérer les élèves. Je peux tout à fait comprendre que les membres aient des priorités différentes comme trouver les coupables ou scander l'injustice. Tant qu'elle s'inscrit dans nos objectifs, il n'y a pas de mal à vouloir agir dans un intérêt particulier. La seule chose que je demande à ceux qui acceptent de me rejoindre, c'est la fidélité comme je viens de te le dire. Une entraide, la création d'une communauté. Ici, les maisons n'ont plus d'importance. Nous mettons en commun notre savoir. Dans le but de trouver le coupable. Qui est-il ? J'imagine que tu penses bien que j'observe d'un œil discret nos chers invités du moment … Mais, est innocent celui dont on a pas prouvé qu'il était coupable ! »

Je regardais mon reflet qui avait l'air sérieux et plus mystérieux que jamais. Je débitais mes paroles avec une certaines lenteur qui incitait à ce que l'on m'écoute, sans toutefois donner l'impression de ne pas aller assez vite. Je ne parlais pas ainsi expressément. De même que lorsque je discourais, mes intonation était spontanée et irréfléchie. L'instinct …

« - Nous mettons en commun notre savoir. Tout est une question de penser et de destinataire. Dirigere Missaticum. »

Sur le miroir en face d'Alyzée, mon reflet apparaissait.